On nous répète souvent que pour se libérer de l’offense il faut passer par le pardon. On nous culpabiliserait presque de ne pas le faire.

Eh bien non. Je ne suis pas d’accord avec certaines théories comme quoi il faut ABSOLUMENT pardonner pour guérir, se reconstruire, avancer. Ça dépend de la blessure, de la manière dont on est câblé et de notre envie de «passer par-dessus»… ou pas.

Pour moi il existe des choses impardonnables.

Notre cerveau est paramétré pour la survie et mémorise les situations dangereuses afin de les reconnaitre si elles se représentent. Ce qui est important pour lui est ce qui pourrait le menacer et il s’imprègne plus, par protection, des expériences négatives que positives.

Nos amygdales, circuits de la peur dans notre cerveau, réagissent au quart de tour quand des choses nous heurtent ou nous mettent en situation de stress intense. On se renferme, on se fige ou on a envie d’attaquer. Ces réactions sont des réponses comportementales normales.

Il existe des personnes qui ont besoin de garder une certaine rage au fond d’elles pour rester debout et continuer d’avancer. Ce qui ne les empêche pas d’être des individus formidables.

Je ne dis pas qu’il faut vivre dans la haine et le ressentiment. A chacun son cheminement pour se libérer des émotions douloureuses. Cependant on ne sait pas toujours comment lâcher prise pour ne pas rester prisonnier d’une peur ou d’une rancœur dans laquelle on est piégé, et on vit l’estomac noué, le cerveau à l’envers.

La vie nous fait traverser des tempêtes. Mais une fois le «pourquoi ça m’est arrivé?» analysé et compris, on est prêt à faire un pas vers la sortie, commencer un travail sur notre souffrance émotionnelle, apprendre la maîtrise de nos émotions et l’empathie à nous-même, tout en gardant au fond de nous cette force qui nous a permis de surmonter cette épreuve et de la dépasser.

S’il y a une personne à pardonner, c’est déjà nous, pour avoir été confronté à ce qu’il s’est passé et avoir «survécu». Je crois que pas mal de nos expériences nous permettent d’enraciner nos valeurs et nos croyances. Et renforcent notre instinct de survie.

Pardonner ne fonctionne pas pour tous.

Ça peut être trop tôt, trop grave, déresponsabilisant pour celui qui nous a fait du mal, inenvisageable, vécu comme une exigence ou une obligation qu’on refuse. La décision nous appartient.

A force de voir des gens se (dé)battre, et sachant que nos émotions sont là pour nous protéger du danger, si on les inhibe en prétendant que les peines subies sont avalées et acceptées, ça peut être contre-productif.

Jongler entre douceur et fureur de vivre grâce à nos expériences… parce que ce n’est pas le monde des bisounours et que la vie peut être injuste et difficile. Autant savoir faire face.

Quand on a été blessé il y a des questions à se poser et des étapes à franchir, et ce n’est qu’une fois cette analyse faite qu’on peut décider ce qui est mieux pour nous.

Polémique….

S’il y a une personne à pardonner, c’est déjà nous…